Revue de Presse

Biométrie : la startup Whispeak veut démocratiser la reconnaissance vocale

Se connecter avec sa voix, plutôt qu’avec son empreinte digitale ou une reconnaissance faciale, ne serait bientôt plus du domaine de la science-fiction. A Roubaix, Whispeak travaille à faire de la tessiture humaine un facteur fiable d’authentification. Ou comment la voix pourrait remplacer la carte d’identité.

« Sésame, ouvre-toi ! » pourrait ne plus être seulement la célèbre formule magique tirée du conte d’Ali Baba et les 40 voleurs. A Roubaix, la start-up Whispeak veut permettre à la voix de devenir un facteur biométrique, permettant une reconnaissance immédiate et sans mot de passe de son locuteur.

« Le premier appel dans un centre présente souvent d’irritants pour le client car on demande tout un tas d’informations pour vérifier le statut de la personne », contextualise Jean-François Kleinfinger, CEO de Whispeak, qui cumule plus de 25 ans d’expérience dans les services aux entreprises (systèmes experts, CRM-Customer Relationship Management, business intelligence, big data…). Le dirigeant a également monté la start-up Nextalim, produisant des insectes pour l’alimentation animale.

Comme les empreintes digitales

« Avec l’authentification vocale, terminées les questions secrètes sur l’âge du chien et le prénom de la belle-mère », ironise le CEO, qui travaille main dans la main avec les deux co-fondateurs de Whispeak, Florent Van Calster (directeur commercial, diplômé en ventes internationales) et Pierre Falez (directeur scientifique, doctorant en informatique).

La biométrie vocale offrirait finalement les mêmes possibilités de reconnaissance que les empreintes digitales. Avec un potentiel de développement facilité par l’omniprésence des micros dans notre environnement quotidien…

La voix est en effet porteuse d’une multitude d’informations différentes, qui peuvent désormais être traitées et reconnues par l’intelligence artificielle. Il faut savoir que la prosodie de chaque être humain regroupe près d’une centaine de caractéristiques comme le timbre, la fréquence, le spectre, l’intensité, le débit, le rythme, etc. Tout en restant propres à chaque être humain. Soit largement de quoi composer une « empreinte vocale » pour fournir une identification sécurisée.

Mais que se passe-t-il si on est enroué par exemple ? « En règle générale, l’impact se traduit par un peu plus de faux négatifs, à savoir que la personne n’est pas reconnue alors que c’était bien elle (pour environ 1%), mais il suffit de recommencer pour que cela marche », répond Jean-François Kleinfinger. Pour la voix qui peut changer avec l’âge, « théoriquement il y a un impact (mais nous sommes trop jeunes pour l’avoir constaté) : nous avons prévu de pouvoir faire évoluer les signatures au fil du temps ».

Si la voix change

Pour les imitations, aucune erreur n’a été détectée « sur les quelques tests que nous avons réalisés. Nous sommes par exemple capables de distinguer la voix de jumeaux là où l’oreille humaine n’entend pas de différence ». Quant à la voix artificielle, si des systèmes de synthèse vocale perfectionnés existent, « nous développons des composants qui identifient les artefacts liés à l’algorithme utilisé ». De toute façon, comme tout système d’authentification, la biométrie vocale peut avoir ses failles, et  les bonnes pratiques préconisent justement de coupler plusieurs systèmes d’identification.

Les premiers marchés cibles de la start-up restent aujourd’hui les banques et les assurances santé, afin que le client puisse être reconnu à sa voix. « Même si le client appelle tous les deux ans, c’est toujours 50 secondes d’économisées en service client et une expérience utilisateur unifiée », argumente Jean-François Kleinfinger. Quelques « grands acteurs de la défense » se sont également montré intéressés.

La solution Whispeak aura au final nécessité deux ans de recherche et de développement au sein de l’accélérateur lillois Alacrité, spécialisé dans les technologies de l’information et de la communication et appartenant à l’écosystème international Alacrity. Parmi les entreprises actionnaires de cet accélérateur, Hub One, l’opérateur français de télécommunications et de services du numérique, était particulièrement intéressé par les possibilités de Whispeak.

Potentiel énorme

Il y en a aujourd’hui beaucoup d’autres, comme Allo-Media (valorisation des appels marketing), Alcatel (marque de smartphone du groupe Nokia), Ilex (gestion des identités et des accès), Ulex (solutions téléphoniques), Airudit (contextualisation des interfaces de la parole), Orange Business Services (services de télécommunication), Tessi (Business Process Services), Vivoka (solutions vocales), etc.

De larges perspectives se dessinent dans le domaine de l’industrie automobile, comme par exemple parler à sa voiture pour savoir qui va prendre le volant et régler les sièges en conséquence par exemple. Et plus généralement dans le domaine des services :  « Nous avons par exemple mené une expérimentation avec spécialiste français des paiements électroniques Worldline et New Port IMS, développeur de business conversationnel dans l’automobile : nous avons testé la réservation d’une borne d’essence et le paiement d’un montant annoncé à la voix ».

(11/07/2022 – Source : La Tribune)