Revue de Presse

RFence met le spectre radiofréquence sur écoute

La jeune pousse lilloise développe un système de sécurité pour sites sensibles basé sur la surveillance des perturbations radiofréquences induites par l’intrusion de tout objet électronique dans un périmètre donné.

« Nous estimons que le potentiel de la sécurité de sites sensibles, et en particulier le nombre de cyberattaques dans ce contexte de tensions internationales, est un enjeu majeur dans les prochaines années. » D’une même voix, deux des cofondateurs de RFence, Gauthier Traisnel (président) et Victor Samain (responsable commercial), posent le décor, à mi-chemin entre un blockbuster et un journal télévisé. Sites industriels sensibles (Seveso, Atex), bâtiments gouvernementaux, centres de données, ports, prisons, centrales nucléaires… à elle seule, la France comporte plus de 11 000 lieux dits sensibles, dont 1369 jugés d’importance vitale (source : SGDSN).

Première levée de fonds de 1,3 M€

Au sein d’un marché national de la sécurité estimé à 30 milliards d’euros, la start-up lilloise se positionne sur la surveillance globale du spectre radiofréquence. Son système baptisé Horus détecte la présence d’objets électroniques (smartphones, micro, drone, etc.) dans un périmètre donné. « Notre spécialité réside dans l’analyse de l’environnement RF (émissions 2G/3G/4G/5G, Wi-fi, Bluetooth, etc.) via des algorithmes logiciels utilisant l’intelligence artificielle. L’une des forces de RFence est son indépendance vis-à-vis de la nature et du nombre de capteurs déployés », expliquent les deux jeunes dirigeants qui viennent de réaliser une première levée de fonds de 1,3 million d’euros.

Biberonnés au sein d’Alacrité

RFence a été incubé par Alacrité en 2019, autour de ce projet Horus basé sur un besoin formulé par les établissements pénitentiaires canadiens qui souhaitaient traquer les communications RF illégales en temps réel. « Alacrité accompagne les jeunes diplômés aspirant à l’entreprenariat en leur proposant de travailler pendant un an sur une idée formulée par des industriels et répondant à un réel besoin de marché, expliquent Gauthier Traisnel et Victor Samain. Cet environnement a été extrêmement stimulant pour nous. Nous avons pu échanger et nous entraider avec d’autres projets et bénéficier de la présence de conseillers et mentors allant de commerciaux chevronnés à d’anciens militaires en passant par des experts IP. » Alacrité France a également soutenu RFence financièrement, avec sa maison mère Wesley Clover International, Finovam Gestion et Bpifrance.

L’équipe fondatrice a été complétée en 2020, et la société fondée l’été dernier. « Pour l’heure, nous multiplions les relations avec les utilisateurs finaux, mais à long terme nous ne réaliserons que des ventes indirectes », prévoient Gauthier Traisnel et Victor Samain qui souhaitent pour cela créer un réseau de distribution et d’intégration de ses solutions de sécurité radiofréquence. L’objectif est d’être rentable d’ici deux ans et de commencer la commercialisation en Europe. « Nous avons beaucoup, beaucoup d’idées de solutions à entreprendre de R&D à réaliser, et notre offre devrait évoluer en fonction des besoins clients prioritaires« , concluent les deux fondateurs.

La start-up lilloise bénéficie d’un environnement local propice : Lille accueille notamment le Forum international de la cybersécurité, lancé en 2007 par la Gendarmerie nationale et la région Hauts-de-France avec le concours d’Euratechnologies, l’un des plus grands incubateurs de start-up en Europe et haut lieu de la recherche en cybersécurité, avec le Campus Cyber de La Défense.

06/2022 – Source : Electroniques