Revue de Presse

VizioSense lève 1,4 million d’euros pour industrialiser ses capteurs de comptage

La start-up française VizioSense développe des capteurs basés sur la vision par ordinateur, qui permettent aux villes ou aux opérateurs d’infrastructures de suivre le flux d’individus et de véhicules dans une zone donnée. Elle compte sur une première levée d’1,4 million d’euros pour les industrialiser et trouver des clients.

Créée en avril 2022, la jeune pousse lilloise VizioSense développe des capteurs dotés d’une technologie de vision par ordinateur permettant de détecter et de suivre les flux de personnes et d’objets en temps réel. Ce 15 mai 2023, elle annonce une levée de fonds en amorçage d’1,4 million d’euros qui doit lui permettre d’industrialiser son produit et de trouver de nouveaux clients.

Cofondée par Maxime Schacht, expert en IoT passé par Samsung Electronics et Sigfox, et Amine Bourki, chercheur en vision par ordinateur et IA, VizioSense développe des capteurs optiques basés sur l’edge-IA (traitement des données en local).

Surveiller le stationnement dans les parkings

VizioPark, sa principale solution, est dédiée au stationnement dans les parkings publics et privés (aéroports, centres commerciaux) et cible ainsi les collectivités, les gestionnaires d’infrastructure et les retailers. Placés sur les mâts d’éclairage, à environ 5 mètres de haut, chaque capteur voit 15 places de stationnement en moyenne et jusqu’à 100 places dans certaines configurations. Il peut ainsi informer l’opérateur de leur occupation ou non et du temps de stationnement par place.

 

Depuis peu, la start-up travaille aussi sur le stationnement en voirie, où les places ne sont pas toujours délimitées. « Il faut donc calculer la distance entre deux véhicules pour déterminer la disponibilité des places, ce sont des algorithmes plus complexes, mais ça intéresse beaucoup les villes « , explique Maxime Schacht. Il précise que la solution est moins adaptée pour les parkings sous terrain à cause des plafonds qui empêchent les capteurs d’avoir beaucoup de recul et donc de visualiser autant de places qu’en extérieur.

Une alternative aux plots magnétiques

« On concurrence des technologies historiques qui font ce travail avec des plots magnétiques s’appuyant sur le poids pour déterminer l’occupation ou non de la place. Elles ferment les unes après les autres parce qu’elles ne sont plus intéressantes en termes de coût : d’abord parce qu’il faut un plot par place alors que les capteurs voient 15 places d’un coup, ensuite parce qu’il faut percer la chaussée pour intégrer un plot et le changer tous les deux ans quand les piles ne fonctionnent plus« , explique le CEO. Les capteurs de VizioSense sont branchés sur le courant, les éclairages publics en général.

L’inconvénient des caméras pourrait en revanche se trouver dans l’accès aux images d’individus n’ayant pas donné leur consentement, mais le dirigeant revendique des capteurs « respectueux de la vie privée » grâce à un traitement local des images sur le capteur et non dans le cloud. « En clair, ce sont des caméras bridées qui ne sortent pas d’image ni de vidéo. On traite l’enregistrement localement pour en extraire uniquement la donnée qui nous intéresse, à savoir l’occupation de la place de parking, c’est la seule qui transite entre le capteur et la plateforme du client« .

VizioSense revend ses capteurs à des intégrateurs systèmes

La société se contente de produire les capteurs et les revend à des intégrateurs de systèmes, des sociétés qui se chargent de l’installation et de la maintenance et qui créent la plateforme de visualisation pour le client, dans laquelle ils intègrent de l’analyse de donnée avec des services supplémentaires comme la détection de fraude (les voitures ventouses qui restent plusieurs jours par exemple).

Pour l’heure, une centaine de capteurs VizioSense ont été installés, principalement au Luxembourg, où le marché aurait été « évangélisé par des concurrents« . La solution a été adoptée par les villes de Pétange et d’Ettelbruck pour améliorer la gestion de leurs parkings et fluidifier le trafic. La start-up déclare également travailler avec la Société nationale des chemins de fer luxembourgeoise avec laquelle elle en est à la phase de « proof of concept » (preuve de concept), avant le déploiement de la solution dans plusieurs gares.

L’entreprise indique par ailleurs être en discussion avec « de gros intégrateurs en France qui travaillent dans le secteur de la ville intelligente tels que Bouygues Energies et Services ou Sogetrel, qui répondent aux appels d’offre de grands comptes publics« .

Comprendre les flux de personnes et de véhicules

En juin, l’entreprise doit lancer une deuxième offre plus large : Viziocount. Axée sur le comptage des personnes et des véhicules, elle pourrait par exemple permettre à une ville de comprendre le potentiel locatif d’un quartier ou le trafic sur tel axe. Du côté entreprises privées, elle pourrait permettre de compter les gens dans les files d’attente des parcs d’attraction par exemple.

Maxime Schacht évoque un autre cas d’usage. « On l’a testée dans un restaurant à Lille. Comme il ne peut contenir plus de 500 personnes pour pouvoir faire sortir les gens en moins de 5 minutes en cas de problème, nos capteurs ont permis au dirigeant de l’établissement de savoir en temps réel où en était la jauge et de placer un agent à l’entrée dès que la limite se rapprochait« , raconte-t-il.

Industrialiser la solution et trouver des clients

Avec ces nouveaux fonds, la start-up prévoit d’industrialiser sa solution. Pour ce faire, elle s’est rapprochée de sociétés qui produisent pour le moment des caméras de vidéosurveillance. Mais à priori, cela ne se fera pas en France : « Malheureusement il n’y a pas vraiment d’acteur français sur la production de ce genre de technologie. Il y a Axis, le leader suédois, et beaucoup de chinois« , explique le co-fondateur.

L’entreprise se servira également de ce financement pour tenter de trouver de nouveaux clients intégrateurs, avec une priorité en France et en Europe de l’Ouest. Elle rivalisera notamment avec Upciti, son principal concurrent tricolore. La société ne souhaite pas communiquer sur un chiffre d’affaires mais vise 1 million d’euros d’ici la fin de l’année.

L’équipe compte pour le moment huit personnes à temps plein : des ingénieurs à Lille sur la partie produit et R&D, des scientifiques dans un laboratoire d’intelligence artificielle basé à Champs-sur-Marne (Seine-et-Marne), et deux à Paris sur la partie commerciale et marketing. Elle devrait prochainement s’étoffer.

(15/05/2023 – Source : L’Usine Digitale)