Revue de Presse

Rencontre les cofondateurs de Phedone : Jonathan Foureur et Laurence Fornari

A quelles problématiques répond Phedone ?

La genèse de Phedone s’est faite autour d’une question du monde de la recherche  : comment faire passer à l’échelle les résultats de recherche sur l’intelligence collective grâce aux outils du numérique ?

Nous avons donc créé Phedone en réponse à deux problématiques :

  1. Aujourd’hui l’analyse d’avis clients en langage naturel (ticketing, enquêtes de satisfaction, retours d’expérience, vos commentaires sous cet article par exemple) est souvent faite… à la main, par des humains qui y consacrent un temps d’autant plus considérable lorsque les avis à analyser sont nombreux : avec ses algorithmes d’intelligence artificielle, Phedone permet d’extraire de plusieurs milliers d’avis une valeur intelligible, exploitable et agnostique en quelques minutes.
  2. Par ailleurs, il manque souvent une dimension aux analyses qui adressent des avis clients en grand nombre et en langage naturel : l’identification des synergies entre les avis clients.

Phedone répond à ces problématiques par un triptyque :

  • L’analyse micro de chaque verbatim pour en extraire sa substance (si on le faisait à la main, on parlerait ici de « qualification » des avis)
  • L’analyse macro de l’ensemble des verbatims qui permet d’identifier des tendances, des signaux faibles, les grands thèmes abordés (à la main on parlerait ici de « synthèse »)
  • L’analyse synergique : par le prisme de l’intelligence collective, Phedone croise les avis pour identifier des tendances de groupes (par localisation, ligne produit, profil, etc. de chaque client), les jeux de perception propres à des entités, des Métiers, etc.

Où en est Phedone aujourd’hui et quelles prochaines étapes ?

Nous avons un premier produit en production basé sur de nombreuses briques technologiques faites maison – faisant l’objet d’un dépôt de brevet – ou open source.

Notre solution est en phase de commercialisation sur deux verticales :

  • La voix du client où nous aidons notamment les services de ticketing pour les utilisateurs SI de grandes entreprises.
  • La voix du patient (hôpitaux, les laboratoires de recherche, etc.) où dans leurs parcours médicaux, les patients sont rarement encouragés à s’exprimer à travers des questions ouvertes – et même quand ils le sont, ces données ne sont pas ou peu exploitées : sur ce segment il y a donc également un véritable enjeu sur la phase de collecte de données pour permettre l’amélioration du parcours du patient.

A ce stade, Phedone est principalement utilisé par des clients dans les Télécommunications et le Retail : ces secteurs sont particulièrement intéressants pour nous car les volumes d’avis clients y sont très importants – leurs retours nous aident beaucoup à tester la pertinence des analyses de la solution et sa résilience aux volumes injectés. Premier succès avec ces utilisateurs : nous avons réussi à faire passer le temps nécessaire pour la qualification d’un ticket de 15-20min à 100ms.

Notre solution a également été testée dans le cadre d’une consultation citoyenne menée par la Région Grand Est : en plus des gains de temps apportés pour l’analyse des avis citoyens, Phedone est intervenu ici comme un outil agnostique pour la qualification d’opinions politiques. En quelques minutes nous avons pu dessiner pour la Région le panorama des sujets d’intérêt pour les citoyens.

Pour continuer à améliorer notre solution, nous avons ouvert Phedone à tous, n’hésitez pas à l’essayer, vos retours nous intéressent !

Par ailleurs, les moteurs de notre solution sont non supervisés et Phedone s’adapte à la réception de données : notre objectif dans un second temps est de déployer des moteurs et des modèles spécifiques à des Métiers tout en développant l’interopérabilité de Phedone avec les SI phares de nos clients. Pour cela nous consacrons aujourd’hui 30% de nos investissements à la R&D.

Point du vue financier, Phedone est aujourd’hui financé sur fond d’investisseurs, nous sommes d’ailleurs actuellement en train de réaliser une levée de fond et un dernier ticket reste à pourvoir d’ici à septembre !

Quel est votre parcours ?

[Jonathan F.] : j’ai une formation d’ingénieur qui s’est achevée sur des projets de fin d’étude portant sur l’application de l’IA pour la segmentation de tumeurs cérébrales. En 2018, je suis passé côté entreprise, chez SAP puis d’autres éditeurs de logiciels où, plus rien à voir avec les tumeurs cérébrales, je faisais de la gestion de produits. J’ai ensuite monté une association qui regroupe des ingénieurs et des chercheurs en intelligence artificielle : DeepNet. Notre but était de donner un accès au grand public à du contenu pédagogique sur l’IA avec une portée « impact positif », c’est-à-dire en orientant nos travaux sur des sujets sociétaux, environnementaux. Par la suite j’ai monté une première entreprise – JustAI – de formation et de prestation en IA pour aider les starts-up, PME et grands Groupes à se former, à comprendre les cas d’usage de l’IA, à monter en compétence sur la gestion d’un projet impliquant de l’IA. Personnellement, cela m’a permis d’affiner ma compréhension des enjeux de l’IA, des méthodes pour développer rapidement des produits « Techs » : c’est à ce moment là que Phedone est venu au monde.

[Laurence F.] : je suis ingénieure de formation en Data 20Processing, mes premières expériences professionnelles étaient dans le militaire. Rapidement, j’ai commencé à travailler pour des entreprises franco-américaines à la Silicon Valley et à San Diego. A ce moment-là, je faisais de la Mobile TV pour des opérateurs téléphoniques et je suis tombée par hasard dans l’entrepreneuriat car nos investisseurs n’étaient pas vraiment visionnaires, ils pariaient notamment à l’époque sur l’échec de l’Iphone ! J’ai donc quitté mes fonctions et ai commencé l’aventure de l’entrepreneuriat : une première entreprise qui a vite fonctionné et dont j’ai revendu mes parts. Une deuxième entreprise fondée ensuite avec Skylights : nous proposions aux passagers aériens de la réalité virtuelle pour regarder des films en plein vol. Le concept a très bien fonctionné et l’entreprise a connu une croissance très forte, notamment en Asie… puis le COVID est passé par là et plus d’avion, plus de touriste du jour au lendemain… Skylights s’est donc éteint en France. C’est à ce moment-là que nous nous sommes rencontrés avec Jonathan, dans le cadre de formations que nous donnions sur l’IA et le business development d’une start-up, j’ai alors rejoint le projet Phedone !

Pourquoi avoir choisi la voie de l’entrepreneuriat ?

[Jonathan F.] : comme je le disais plus tôt, j’ai commencé à travailler dans la gestion de produit, un métier déjà « touche à tout » où j’étais amené à parler au Marketing, aux Sales, aux techs et petit à petit j’ai commencé à monter des équipes, à structurer des projets… Puis j’ai fini par me dire : « après tout, ce que je fais pour d’autres, je peux le faire pour moi ! ». Après il y a la prise de risque et il ne faut pas se leurrer, la « liberté » que l’on gagne à devenir entrepreneur est un peu factice : certes il y a la liberté sur le « comment » agir, mais cela va avec de nombreuses obligations et responsabilités (des salaires à verser, réussir à lever des fonds si c’est nécessaire, soigner l’image de l’entreprise…). Ce qui est sûr c’est que cette voie casse avec la routine et force à sortir de sa zone de confort !

[Laurence F.] : pour moi la voie de l’entrepreneuriat répondait à un besoin d’être libre d’accomplir mes idées, de maîtriser là où va mon bateau : le plus grisant c’est de voir directement le résultat de ses actions, qu’elles soient bonnes ou mauvaises !

Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui souhaiterait se lancer dans cette aventure ?

[Jonathan F.] : Savoir prendre du recul et s’entourer pour percevoir le moment où il est nécessaire de pivoter en sacrifiant parfois des investissements passés.

[Laurence F.] : écouter le client, écouter le client, écouter le client ! Faire de la Tech c’est essentiel, mais il faut que cela rende un service pour lequel l’industrie est prête à payer.

(20/07/2021 – Source : Islean Consulting)